Parfois, ils renouvellent la litière de leur terrier. J’ai fait de nombreux affûts au blaireau souvent seul, parfois en compagnie de François Mougeot ou de Christian Desmier, 2 amis naturalistes et dessinateurs animaliers de talent, dont certains dessins illustrent ce livre.
J’ai tenté de suivre un adulte, à l’aide de jumelles infrarouges, un soir de juin 1988, au début de sa sortie, il s’arrête régulièrement pour se coucher sur le dos et se gratter le ventre, parfois, il s’étale sur le dos de tout son long et se lèche les pattes. Puis, il s’éloigne du terrier et ne se toilette plus : il explore le sol, fouillant avec son nez dans les feuilles mortes en faisant beaucoup de bruit, remuant la litière à la recherche de vers (qui constituent l’essentiel de sa nourriture) ou de larves d’insectes, voire de bulbes et de champignons.
La présence de jeunes au terrier apporte un intérêt supplémentaire à l’observation : moins turbulents que les renardeaux, les blaireautins sont toujours au nombre de 2 d’après mes observations en forêt de Fontainebleau. Peu farouches, ils sont parfois venus mordiller mes chaussures...
Blaireaux et renards cohabitent rarement à Fontainebleau, pourtant lors d’un affût au terrier dans le Mont Andart où je m’étais assis le dos contre un chêne, à l’affût un soir de mai 1988, j’observe vers 21 heures, 2 renardeaux jouer devant le terrier, ils se poursuivent, puis un se rase et bondit sur l’autre, s’entraînant à la chasse, puis l’un d’entre-eux s’approche et vient poser sa truffe sur ma main posée au sol près de moi. Vers 21 h 30, un adulte accompagné d’un jeune sort à son tour, mais en me voyant, il pousse un bref jappement, et tout le monde rentre au terrier précipitamment. Un peu plus tard, la nuit tombe, 2 blaireautins sortent, et l’un d’entre eux renifle longuement mes chaussures. Puis le couple de blaireaux adultes sort, et la nuit enveloppe la scène d’un voile mystérieux.